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Une équipe de soins spécialisés (ESS) en rhumatologie vient de se mettre en place dans les Bouches-du-Rhône. Elle accompagne les professionnels de santé, du premier recours, pour trouver rapidement un rendez-vous chez un rhumatologue en ville ou à l’hôpital, pour les patients qui le nécessitent. Explication avec le Dr Éric Senbel (rhumatologue à Marseille), président de l’ESS rhumatologie du Littoral.

PUBLIÉ LE 12/05/2023 - LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN

PAR CHRISTINE FALLET

LE QUOTIDIEN : Qu’est-ce qu’une équipe de soins spécialisés ?

Dr ÉRIC SENBEL :

La notion d’ESS a été introduite dans la loi du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé : « Une ESS est un ensemble de professionnels de santé constitué autour de médecins spécialistes d’une ou plusieurs spécialités, hors médecine générale, choisissant d’assurer leurs activités de soins de façon coordonnée avec les acteurs de santé du territoire, avec les équipes de soins primaires, les hôpitaux et les établissements médico-sociaux ». Les ESS viennent compléter les dispositifs déjà existants en matière de coordination des soins de santé sur les territoires : Maisons de santé pluri professionnelles, Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)…

Pourquoi avoir créé cette structure en rhumatologie sur Marseille-Aix en Provence ?

L’ESS en rhumatologie du Littoral est la première de France dans cette spécialité. Dans notre région, comme dans beaucoup d’autres, le manque de rhumatologues se fait de plus en plus sentir et les délais d’attente de consultation s’allongent jusqu’à trois à six mois, exposant les patients à des pertes de chance. L’ESS en rhumatologie que nous avons créée, a pour principal objectif de fluidifier l’accès au second recours pour des patients atteints de pathologies chroniques, telles que l’ostéoporose et les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC). En effet, pour les RIC, il existe une fenêtre d’opportunité, au tout début de la maladie, pour mettre en place le traitement. Quant à l’ostéoporose, seule 20 % des patients sont traités après une hospitalisation pour une première fracture, malgré un risque élevé de récidive de fractures dans l’année qui suit. Pour répondre à ces besoins non couverts, nous avons ainsi décidé de monter un projet pilote. Il n’existe pas encore de cahier des charges formalisé et nous avons dû mener un long travail de réflexion. Nous nous sommes réunis avec l’Agence régionale de santé (ARS) Paca, pour qu’elle valide notre dossier et nous apporte un financement dans le cadre du Fonds d’intervention régional (FIR). Notre projet a été validé mi-mars et a bénéficié d’un budget pour les 18 mois à venir. Pour le moment, nous sommes dans une phase d’expérimentation. Nous souhaitons mieux faire connaître notre structure toute récente, partager notre expérience et aider des collègues d’autres régions à monter une ESS.

Quelles sont ses principales missions ?

L’ESS vise à une meilleure coordination entre les professionnels de santé du département. Elle vient renforcer et faciliter l’accès à des soins non programmés, avec des délais de rendez-vous rapide en rhumatologie. Elle accompagne les médecins généralistes qui ont besoin de recueillir rapidement l’avis d’un rhumatologue, parfois en urgence, et d’obtenir un accès prioritaire à un service hospitalier. Elle propose également des actions de destinées à des professionnels de santé (réunions, webinaires…). Nous avons aussi comme objectif de développer des outils numériques (téléconsultation, télé-expertise…).

En pratique, comment cela fonctionne-t-il ?

L’ESS du Littoral regroupe 35 rhumatologues libéraux et hospitaliers, et cinq services hospitaliers (publics et privés), répartis sur les Bouches-du-Rhône. Les médecins généralistes du département, confrontés à des problématiques en rhumatologie, peuvent contacter l’ESS via un numéro de téléphone dédié et réservé aux professionnels de santé. La coordinatrice de l’ESS, cheville ouvrière du dispositif, examine les demandes. Elle vérifie avec le médecin généraliste l’éligibilité du patient à une prise en charge dans le cadre de l’ESS, et définit le meilleur moyen de la mettre en œuvre. L’infirmière référente désignée en tant que « coordinatrice d’une structure d’exercice coordonnée », elle a également reçu une formation spécifique et utilise des arbres décisionnels conçus par les rhumatologues de l’ESS.

Christine Fallet