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On évoque beaucoup actuellement les consultations avancées de spécialistes dans des territoires sous dotés. En pratique, cela consiste à demander à un ou plusieurs spécialistes d’aller faire des consultations dans des territoires où il n’y a pas de praticiens de la spécialité concernée en quittant leur cabinet afin d’apporter des soins au plus près de la population.

Docteur Éric Senbel

Rhumatologue, Président de l’ESS Rhumatologie du littoral

En effet, si l’accent a surtout été mis sur le premier recours, c’est-à-dire sur le médecin généraliste, il faut bien avoir en tête que certaines pathologies nécessitent aussi l’avis d’un spécialiste pour une prise en charge optimale. Or, il est de plus en plus compliqué pour des patients d’avoir un accès à des médecins spécialistes sans compter le coût des transports considérable pour la collectivité.

Les équipes de soins spécialisés sont une structure idéale, car regroupant de nombreux spécialistes pouvant éventuellement aller dépanner ponctuellement dans des territoires où il n’y a plus de spécialistes, en s’organisant de façon collective plus qu’individuelle.

Le premier problème est de type organisationnel… Cela ne se fait pas comme ça. À une époque il y avait des cabinets secondaires, mais aujourd’hui tous les spécialistes étant débordés, ils ne voient pas l’intérêt d’aller ouvrir un deuxième cabinet, alors qu’ils n’arrivent pas à faire face aux demandes dans leur propre cabinet. Il faut donc que les tutelles (agence régionale de santé, région, communes…) fassent en sorte que cette organisation soit optimisée et simplifiée au maximum pour le praticien.

Il y a aussi le problème de la perte d’honoraires qui va avec le temps de déplacement. La dernière convention médicale a acté 200 € par demi-journée, ce qui semble beaucoup, mais qui en réalité couvre à peine la perte de revenu lié au temps de déplacement, car parfois il faut plus d’une heure pour aller sur le site en question. De plus, le praticien a aussi des frais de son cabinet qui courent même lorsqu’il n’exerce pas.

Il faut donc que les autorités réfléchissent en termes de bénéfices, notamment sur les économies dégagées par le non-recours aux transports médicaux. En effet, même si la rémunération des praticiens augmente, on sera toujours gagnant du fait d’un transport médicalisé évité, souvent supérieur à 200 € pour un patient.

Tout cela fait actuellement l’objet de réflexions et d’échanges entre les porteurs de projets au sein l’équipe de soins spécialisés et les tutelles. Nous espérons que les discussions aboutiront au plus vite, pour rendre service à la population la plus éloignée de l’accès aux soins spécialisés.